« Quand la vie vous donne des selfies, assurez-vous que vos données personnelles ne partent pas avec ! » Le célèbre adage prend tout son sens alors que l’application de partage de selfies BeReal, prisée par la génération Z, se retrouve dans une mauvaise passe pour ses pratiques en matière de consentement. Récemment acquise par l’éditeur français de jeux mobiles Voodoo, l’application doit maintenant répondre d’accusations en Europe concernant la conformité de son consentement aux suivis publicitaires.
Que se passe-t-il exactement ? Le plaignant, noyb, un organisme européen de défense des droits à la vie privée, affirme que BeReal a recours à des « dark patterns » pour manipuler ses utilisateurs. En clair, l’idée serait de pousser délicatement — ou pas tant que ça — ces derniers à accepter un pistage publicitaire, ce qui va à l’encontre des exigences de consentement librement donné selon le RGPD.
Depuis juillet 2024, un pop-up semble donner une option « persistante » pour accepter ou refuser le suivi. Toutefois, comme le souligne noyb, les utilisateurs qui prennent le chemin du refus se retrouvent en fait harcelés par le message chaque jour où ils essaient de publier un post, contrairement à ceux qui acceptent le suivi et ne voient plus jamais ce pop-up. Voilà une insistance qui pourrait bien coûter cher à BeReal.
Qui aurait cru qu’un selfie pouvait dévoiler bien plus que notre visage ?
Pour comprendre l’ampleur du stratagème, il suffit de jeter un œil aux recommandations de 2022 du Comité européen de la protection des données. Cette dernière déconseille fortement l’usage de d’incitations répétées aux utilisateurs, précisant que ce genre de dark pattern pousse les gens à céder par simple épuisement. Un scénario qui paraît familier à ceux qui ont tenté de naviguer dans les eaux troubles de BeReal.
L’organisme made in Europe demande désormais à la CNIL — arbitre des règles de protection des données en France — d’exiger de BeReal qu’elle mette de l’ordre dans sa méthode de consentement et efface les données obtenues depuis l’instauration de ces procédés opaques. À ce stade, la balle est dans le camp du français Voodoo pour une réponse à ce camouflet juridique.
Mais allez savoir, peut-être que Voodoo se révélera comme une véritable potion magique pour sortir BeReal de ce marasme. En tout cas, espérons que ces derniers se rappeleront que le RGPD n’est pas un jeu d’évasion dans lequel ils pourraient se faufiler discrètement.
Pour conclure, si BeReal voulait devenir un mème viral, ils auraient dû faire preuve d’un peu plus de « réalité »!
Source : Techcrunch