Comment se fait-il que la technologie, conçue pour protéger et servir, se retrouve entre les mains de ceux qui l’utilisent pour opprimer? Le cas révélé récemment en Serbie, où des journalistes et des activistes ont vu leurs téléphones piratés par les autorités locales, est un exemple frappant de cette problématique. Cette situation n’est pas nouvelle, mais elle soulève des questions cruciales sur la manière dont sont utilisées les technologies développées par des entreprises telles que Cellebrite.
Cellebrite, une entreprise reconnue pour ses outils d’investigation numérique, est au cœur de cette affaire. Son dispositif, normalement utilisé pour débloquer l’accès aux données d’un téléphone, aurait permis l’installation d’un logiciel espion, étendant ainsi la surveillance sur les individus visés. Ce rapport de Amnesty International soulève des inquiétudes inédites : combien d’autres situations similaires restent-elles à découvrir?
Des institutions telles qu’Amnesty International ou Citizen Lab documentent depuis longtemps les abus liés aux logiciels espions. Ces outils, souvent vendus à des gouvernements par des sociétés occidentales, servent à cibler des dissidents, des journalistes et des opposants politiques. Bien que le marché de ces technologies se sophistique, leur utilisation s’avère parfois aussi simple que d’accéder physiquement à l’appareil d’une cible. Comment les utilisateurs peuvent-ils se protéger dans un tel contexte?
Quelle est la responsabilité des fabricants de ces outils de surveillance dans l’usage qui en est fait par leurs clients?
Il semble que la Serbie ait développé son propre logiciel espion, NoviSpy, et qu’il soit largement utilisé sur la société civile. L’analyse de ce logiciel par Amnesty a révélé que son développement est probablement local, en raison de certaines erreurs de sécurité opérationnelle dans le code. Ces erreurs ont permis de relier NoviSpy à l’Agence de Sécurité de l’Information en Serbie. Pourquoi un tel manque de scrupules dans l’utilisation de la surveillance numérique?
En observant les précédents historiques, on réalise que cette méthode d’espionnage qui semblait avoir décliné fait un retour en force, par nécessité ou par choix. Les méthodes pour installer ces logiciels ont-elles vraiment changé depuis ces deux dernières décennies?
Aux États-Unis, des situations similaires pourraient survenir, suggère un rapport de Forbes. Dans ce contexte, les américains doivent-ils craindre une utilisation accrue de la surveillance numérique sous prétexte de sécurité nationale ou autres motifs politiques?
L’affaire serbe met en lumière les défis éthiques posés par la vente de technologies de surveillance. Tandis que Cellebrite affirme que ses outils ne peuvent pas installer de logiciels malveillants, reste à savoir si l’entreprise prendra des mesures contre de potentiels abus par ses clients. La question reste ouverte : quels pas peuvent être faits par la communauté internationale pour assurer un usage éthique de ces technologies?
Source : Techcrunch