Pourquoi BlackBerry a-t-il choisi de vendre Cylance à Arctic Wolf pour une somme aussi dérisoire comparée à son achat initial ? En 2018, BlackBerry avait misé 1,4 milliard de dollars pour s’offrir Cylance, un pionnier de la cybersécurité. Cependant, seulement quelques années plus tard, l’entreprise a cédé cette division pour 160 millions de dollars. Que s’est-il passé entre temps pour expliquer un tel écart de valorisation ?
Les détails de cette vente révèlent un marché impitoyable. BlackBerry recevra environ 80 millions de dollars à la clôture de la transaction, prévue au quatrième trimestre fiscal, et le reste l’année suivante, ainsi que 5,5 millions d’actions ordinaires d’Arctic Wolf. Le PDG de BlackBerry, John Giammatteo, a exprimé dans un communiqué son optimisme quant aux avantages mutuels de cet accord. Mais pourquoi la stratégie initiale de BlackBerry avec Cylance n’a-t-elle pas porté ses fruits ?
À l’époque de l’acquisition, Cylance était censé être la pièce maîtresse de la transformation de BlackBerry vers les services d’entreprise. Cependant, malgré l’intégration de ses technologies avec celles de BlackBerry, Cylance a peiné à s’imposer dans un secteur où la concurrence s’intensifie chaque jour. En 2022, sa part de marché dans la sécurité des endpoints n’était que de 1,3 %, un chiffre inquiétant pour une entreprise censée être à l’avant-garde de la cybersécurité.
Le marché a évolué plus vite que Cylance, exposant les limites d’une stratégie qui n’a pas su anticiper les nouvelles tendances.
Avec des pertes records de 51 millions de dollars pour l’exercice se terminant en février 2025, Cylance était devenu un fardeau financier pour BlackBerry. Giammatteo a souligné lors d’un appel financier que la transition du marché vers des produits de détection et de réponse aux menaces, secteur où Cylance n’était pas présent, a été un obstacle majeur. Mais alors, quelles leçons Arctic Wolf peut-il tirer de ces erreurs pour intégrer avec succès Cylance dans son écosystème ?
Arctic Wolf semble convaincue que l’approche de Cylance dans la sécurité des endpoints est toujours viable. Selon Dan Schiappa, le CPO d’Arctic Wolf, Cylance conserve une approche « fondamentalement unique » et pourrait enrichir leur offre actuelle. Cela suffira-t-il pour rétablir Cylance sur la scène de la cybersécurité ? Les investisseurs semblent optimistes, et la valorisation boursière de BlackBerry a bondi de près de 16 % suite à l’annonce de cette transaction.
En ajoutant Cylance à son portefeuille, Arctic Wolf poursuit une stratégie d’acquisition soutenue, comme le montrent ses précédents achats de RootSecure, Rank Software, et autres. Avec tant de ressources et d’expertise à sa disposition, Arctic Wolf pourra-t-il relever le défi et redonner à Cylance la place qui lui revient dans le monde de la cybersécurité ? Ou cette acquisition marquera-t-elle simplement un autre chapitre dans la difficile transition de BlackBerry en entreprise de services numériques ?
Source : Techcrunch