« Tout vient à point à qui sait attendre, sauf si vous attendez depuis cinq ans ! » Cela pourrait passer pour un proverbe motivant, mais c’est en réalité un clin d’œil à l’interminable attente vécue par les férus de protection des données en Europe, impatients de voir le loup jurassique qu’est Netflix épinglé par le RGPD. Cinq ans, c’est le temps qu’il a fallu pour qu’une petite plainte concernant l’accès aux données aboutisse à une décision de sanction.
Mais attention ! Ne sortez pas les trompettes tout de suite. La pénalité infligée à Netflix est de 4,75 millions d’euros, une somme qui, pour l’entreprise, représente à peine un microgramme de popcorn au prix actuel de cinq dollars la tonne. Pour mettre les choses en perspective, sachez que Netflix a généré un chiffre d’affaires annuel titanesque de 33,7 milliards de dollars en 2023. Autant dire que cette amende relève plus de la piqûre d’abeille symbolique que de l’ouragan destructeur.
La Résistance néerlandaise des données, alias l’autorité de protection des données (APD) des Pays-Bas, a conclu que Netflix n’avait pas vraiment pris la peine d’informer ses clients sur l’utilisation de leurs données personnelles, ce qui va à l’encontre des droits garantis par le RGPD. Encore une fois, les utilisateurs européens devraient pouvoir connaître la recette de la potion magique que Netflix concocte à partir de leurs infos.
Ce serpent de cinq ans nous apprend que les droits individuels ne se transforment pas toujours en coups d’épée dans le cœur du pouvoir, même après un marathon procédural.
Et comme si l’histoire ne pouvait pas être plus rebondissante, voilà que Netflix lève maintenant son bouclier et envisage de faire appel. Autant dire que le dernier clap de ce feuilleton judiciaire n’a peut-être pas encore résonné sur notre plateau européen.
L’association non-lucrative défendant les droits à la vie privée, noyb, est la cheville ouvrière de cette intrigue digne d’un thriller juridique. Mais Netflix n’est pas la seule vedette de cette série. D’autres plateformes sont sur l’affiche : Amazon Prime, Apple Music et YouTube attendent également leur jugement dernier concernant leurs pratiques de gestion des données.
Et si certains épisodes, comme celui de Spotify en Autriche, ont connu un dénouement heureux (pour noyb, moins pour Spotify), la plupart des actions légales restent en suspens. Encore mieux que « Game of Thrones » en matière de suspense, n’est-ce pas ?
En conclusion, il semble que ce n’est pas de sitôt que Netflix pourra se prélasser en toute quiétude sur son trône de streaming. Parfois, même les géants du divertissement doivent se rendre compte que la vie privée est une affaire sérieuse. Gardons l’œil sur ce feuilleton, car un jour — qui sait ? — le tigre du GDPR rugira peut-être pour de bon. Après tout, tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se fait hacker !
Source : Techcrunch