Comment nous, habitants de la Terre, avons-nous déjà laissé notre empreinte sur Mars, une planète sur laquelle aucun astronaute n’a encore posé le pied ? Depuis que la sonde Mars 2 de l’Union soviétique s’est écrasée sur la planète rouge en 1971, une multitude de débris humains y ont fait leur apparition. Des restes de vaisseaux spatiaux, des parachutes et même des traces de roues de rover polluent maintenant sa surface lointaine. Mais pourquoi accumulons-nous tant de déchets sur un monde situé à environ 140 millions de kilomètres de notre planète bleue ?
Des anthropologues, emmenés par Justin Holcomb de l’Université du Kansas, plaident aujourd’hui pour créer un inventaire exhaustif des objets terriens posés sur Mars avant qu’ils ne se détériorent sous l’effet d’un environnement martien impitoyable. Ne serait-il pas temps que les agences spatiales, telles que la NASA, avancent sur une telle initiative ? Préserver ces artefacts pourrait-il être aussi crucial pour l’humanité que la préservation de notre propre patrimoine culturel sur Terre ?
Le passage du simple « déchet » à la notion de « patrimoine » pourrait radicalement changer notre perspective martienne.
Quand on parle du « débris spatial », on pense souvent à l’amas de fragments orbitalaires menaçant de heurter nos satellites. Toutefois, l’idée de considérer ces déchets comme des éléments d’un registre archéologique n’est pas totalement inconnue. L’exemple de la Lune en 2012, avec l’inventaire de près de 800 objets entassés par l’humanité, montre bien la prise de conscience naissante vis-à-vis de ces reliques spatiales. Mais comment interpréter et valoriser ces objets qui, autrefois, ont permis notre conquête spatiale ?
Bien que certaines initiatives existent, comme le catalogue lunaire de la NASA, où les excrétions de Buzz Aldrin figurent même parmi les artefacts, il semble que les plans pour une mise à jour ne soient pour l’instant pas à l’ordre du jour. Avec quels moyens pourrions-nous, toutefois, rendre compte de tout ce patrimoine laissé derrière nous, à mesure que des compagnies commerciales ou d’autres pays rejoignent la course spatiale, apportant leur lot de débris ?
Sur Mars, la nature occupe une place centrale dans la détérioration potentielle de notre héritage. Les tempêtes de poussière, aussi puissantes que des créatures mythologiques, sont prêtes à ensevelir des objets laissés sur place. Ne sommes-nous pas en train d’observer un sablier gigantesque, inexorablement rempli par les vents martiens ? Les experts se questionnent sur l’impact de ces éléments, du rayonnement cosmique aux mouvements de glace, sur ces reliques extraterrestres.
Loin d’être naïfs, les scientifiques savent que la technologie ne suffit pas toujours. Les panneaux solaires de l’atterrisseur InSight de la NASA arrêtés en 2022, maintenant camouflés par la poussière martienne, en sont une preuve tangible. Ne devrions-nous pas nous inquiéter des dunes menaçantes prêtes à engloutir le Rover Spirit ? Comment comptons-nous reprendre possession de ce patrimoine technologique une fois englouti sous le sable rouge ?
Face à ce constat inquiétant, une autre question persiste : sommes-nous suffisamment responsables pour protéger notre héritage interplanétaire ? Peut-être temps de considérer sérieusement l’idée d’un catalogue martien ? Ces vestiges, semblables à des pointes clovis ou des haches découvertes sur nos continents, tracent un fil conducteur de notre expansion spatiale. Leur valeur pourrait-elle un jour surpasser de simples vestiges, devenant des témoins clés de notre histoire universelle naissante ?
Source : Mashable