« Une révolte en forme de chien numérique : pour un meilleur aboiement ! » Voilà qui pourrait être le sous-texte de la manifestation massive que les rues de New York ont connue ce week-end. Plus de 10 000 protestataires s’y sont rassemblés lors du President’s Day pour exprimer leur colère face à DOGE, le nouveau think tank d’Elon Musk, fort d’un nom qui pourrait en faire rire plus d’un, mais dont les ambitions peuvent effrayer.
Alors que les drapeaux s’agitaient devant Washington Square Park, les manifestants dénonçaient le pouvoir croissant d’Elon Musk dans le gouvernement américain. On n’élit pas un milliardaire pour diriger le pays, tel était leur cri de ralliement. Pas de vote pour Musk, mais un contrôle bureaucrate démesuré, voilà ce qui justifie leur courroux. Tom, un retraité malicieux, déplorait l’absence d’un processus démocratique dans cette prise de pouvoir peu conventionnelle.
Quant à Dmitri, un architecte au discours acéré, il s’alarmait de l’accès potentiel de Musk à la précieuse base de données publique. « Il est comme un fan de science-fiction cherchant à concrétiser ses cauchemars numériques », disait-il, désignant un Musk perdu dans un délire techno-libéral sans fin. Pourtant, le projet de Trump et Musk a ses fans : ceux qui applaudissent justement leur volonté affichée de dégraisser la bureaucratie gouvernementale et ramener à la maison Elliott Ness.
L’accès de Musk à notre gouvernement est un peu comme donner les clés de la maison au loup pour qu’il garde les moutons.
La création de DOGE par Trump se voulait le remède miracle contre la corruption et la dilapidation des fonds publics. Mais en chemin, elle a surtout éradiqué des milliers d’emplois fédéraux et différé des programmes de diversité, équité et inclusion, tout en apportant à Musk un accès privilégié – et inquiétant – au Trésor public. Il faudrait plus qu’une simple facture téléphonique pour suivre la piste de toutes ces manœuvres financières.
Qu’il s’agisse de vanter l’éradication de prétendues inefficacités ou de débarrasser le pays des agences qui contrarient ses entreprises, Musk semble vouloir remodeler le paysage économique et politique à son image. Son objectif ? Abolir ce qui entrave ses projets, quitte à effacer la protection des consommateurs ou à mettre en danger la sécurité des voitures autonomes.
Les marches jusqu’à Washington Square Park rappellent que le jeu de pouvoir moderne n’est plus une affaire de gentlemen en redingotes, mais une guerre de slogans et de réseaux sociaux. Les cris des manifestants contre la fortune et l’influence trop grandes soulignent un malaise palpable : le bouc émissaire est parfait, mais sont-ils tous prêts à sacrifier leurs Teslas pour la bonne cause ? Pour certains, la réponse est oui, qu’ils affichent fièrement en se débarrassant de leurs voitures trop iconiques.
Une chose est sûre : cette protestation à l’américaine ressemble à une rencontre entre Napoléon et un meeting de Scrooge McDuck. Tandis que la réalité politique les rattrape, beaucoup se demandent si Musk et Trump n’ont pas lancé leurs chiens aboyeurs un peu trop fort. Si l’on peut tirer une leçon de cette pagaille politique, c’est bien qu’avec DOGE, même les manifestations commencent à ressembler à des mèmes sur Internet. Et maintenant, que fait le chien qui remue la queue ? Il gouverne, apparemment.
Source : Techcrunch