« Pourquoi escalader une montagne ? Parce qu’elle est là. Pourquoi protester en silence ? Parce que ça fait du bruit. » Au pays de la pluie et des Beatles, le gouvernement britannique tente de séduire les entreprises d’IA en changeant la législation sur le droit d’auteur. Et pour exprimer leur désaccord avec cette mélodie législative, un millier de musiciens a décidé de lancer un album aux notes… de silence.
Intitulé « Is This What We Want ? », cet album n’est en vérité qu’une série d’espaces vides – ou presque. Ne cherchez pas à y entendre « Let It Be » ou « Bohemian Rhapsody », car vos oreilles risquent surtout de capter le ronronnement de chats ou le doux souffle du néant. Quelle fine oreille chez Thomas Hewitt Jones, qui nous confie d’ailleurs : « Vous pouvez entendre mes chats se balader. »
Bon, d’accord, l’idée n’est pas que les fans se ruent sur cet album pour y découvrir leurs artistes préférés sous un nouvel angle. Le but ? Faire comprendre au gouvernement qu’autoriser les entreprises à utiliser les œuvres pour entraîner des IA sans demander de permissions, c’est comme laisser des gamins seuls dans un magasin de bonbons… Ça va finir mal.
En jouant le silence, les artistes font beaucoup de bruit.
Ed Newton-Rex, le chef d’orchestre de cette révolution sonore, n’est pas un novice en la matière. Après avoir travaillé avec et contre les technologies, il est maintenant à la tête d’une campagne massive contre la formation des IA sans licence. Oh, et il a aussi fondé une plateforme qui permettait de composer de la musique avec l’IA. Ironique ? Peut-être bien. Mais avec plus de 47 000 signatures, sa pétition pour soutenir les artistes n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd.
Alors que les artistes lancent leur album muet comme une protestation visuelle, d’autres marchés envisagent des réglementations différentes. Et dans cette cacophonie, on devine que la solution pourrait être trouvée ailleurs. « Swiss made » pourrait bien se réferer à la protection des droits d’auteur dans le futur. Hewitt Jones envisage même de jeter sa musique dans le lac suisse, tout en évitant de suivre l’exemple de son clavier qui a goûté à l’eau anglaise de Kent.
Quant au gouvernement britannique, il martèle que les artistes pourront choisir d’effectuer un « opt-out ». Pour Newton-Rex, c’est une véritable invitation à mettre la musique en sourdine. Avec aucune garantie de suivi du contenu utilisé par les IA, c’est un peu comme construire un château de sable face à la montée des eaux.
La bataille entre l’art et l’IA ne fait que commencer. Et pendants que certains décident de cesser de créer, d’autres voient une opportunité. « Pourquoi ne pas créer là où la protection est assurée ? » se demandent-ils. En attendant un heureux dénouement, l’album silencieux des artistes sera diffusé sur les plateformes musicales dès mardi. Tous les bénéfices seront reversés à l’association Help Musicians. Qui a dit que le silence était d’or ?
Source : Techcrunch