Pourquoi ne savons-nous pas plus sur nos propres océans que sur la surface de la Lune ? Cette question surprenante met en lumière une réalité troublante : alors que la Lune, située à 384 400 kilomètres dans l’espace, a été minutieusement cartographiée, les profondeurs maritimes terrestres restent en grande partie inexplorées et mystérieuses. Quels sont les défis qui freinent encore notre connaissance du plancher océanique et quelles solutions innovantes commencent à émerger ?
Pour comprendre pourquoi les fonds marins demeurent obscurs, examinons d’abord les obstacles techniques. La pression intense des profondeurs maritimes en a longtemps fait un terrain difficile pour les équipements d’exploration. De plus, la capacité de l’eau à absorber la lumière rend l’observation directe presque impossible, dissimulant le fond océanique sous des kilomètres d’opacité aquatique.
Cependant, un nouvel espoir apparaît avec l’engagement conjoint de la NASA et du Centre National d’Études Spatiales (CNES) grâce au satellite SWOT (Surface Water and Ocean Topography). Pourquoi un satellite, initialement destiné à mesurer la hauteur des eaux, réussit-il là où d’autres technologies ont échoué ? Le SWOT a permis des avancées significatives dans la cartographie des fonds marins grâce à sa capacité à mesurer les variations de la hauteur de l’eau causées par des structures submergées, offrant ainsi un aperçu plus détaillé de notre planète bleue.
En révélant des caractéristiques géologiques auparavant insaisissables, SWOT change notre perception de l’océan.
Bien que des méthodes traditionnelles telles que le sonar aient été utilisées, elles s’avèrent longues et limitées. Avec SWOT, l’accélération du processus de cartographie est telle qu’il pourrait multiplier les découvertes de monts sous-marins, dont certains pourraient abriter des écosystèmes richement biodiversifiés. Avec le potentiel d’augmenter le nombre de monts sous-marins connus de 44 000 à 100 000, la technologie promet une révolution dans notre compréhension des courants océaniques et des écosystèmes marins.
Mais pouvons-nous espérer un jour cartographier complètement les fonds océaniques d’ici 2030 comme cela a été projeté ? Les satellites actuels, en comparaison avec le sonar, manquent encore de résolution, même si les données de SWOT doublent déjà en détail ce que les cartes précédentes offraient. SWAT a réalisé en un an ce que d’anciennes missions satellitaires ont manqué en trente ans, apportant une résolution de cinq miles qui permet de découvrir de nouveaux secrets géologiques.
Les répercussions de ces découvertes ne sont pas seulement géologiques mais possiblement astrobiologiques. Les données collectées pourraient aider à retrouver des sources hydrothermales vitales pour comprendre les conditions nécessaires à l’émergence de la vie, sur Terre, et potentiellement ailleurs dans l’univers. Ces avancées scientifiques alimentent inévitablement notre quête de connaissances et de compréhension de notre environnement extérieur comme intérieur.
Alors, allons-nous enfin déchiffrer l’énigme sous nos vagues d’ici la prochaine décennie, ou est-ce que les mystères des profondeurs resteront aussi insondables qu’ils sont anciens ?
Source : Mashable