« Pourquoi traverser la Manche quand on peut traverser l’Atlantique ?» pourrait bien être le mantra des start-ups britanniques en quête de financement. Selon une étude de Dealroom, citée par le Financial Times, les jeunes pousses du Royaume-Uni ont levé seulement 16,2 milliards de livres l’année passée, face à la déferlante de 65 milliards récoltée par leurs homologues de la Silicon Valley. Et dire que c’est un océan de distance qui les sépare, et non une petite goutte d’eau !
La fosse des Mariannes qui s’élargit entre les deux mondes n’est pas inaperçue par les fondateurs d’entreprises britanniques. Selon le rapport, beaucoup envisagent désormais de faire leurs valises et de s’installer à l’étranger. Et pas pour aller déguster des scones à l’anglaise, mais bien pour tenter le rêve américain avec un premier vol direct pour San Francisco.
« Il semble que le capital-risque européen ait pris un billet aller-simple pour la Silicon Valley. »
Mati Staniszewski, co-fondateur de la société d’intelligence artificielle ElevenLabs basée à Londres, a déjà fait le pas en créant une structure juridique au Delaware, la Mecque administrative pour les investisseurs américains. Il a confié au Financial Times que cette démarche était devenue inévitable tant les fonds viennent surtout des États-Unis.
Barney Hussey-Yeo, le cerveau derrière la start-up Cleo, a un pied en permanence sur deux continents. Il passe déjà quatre mois par an à San Francisco et envisage très sérieusement un déménagement définitif. Pour lui, le manque de capital au Royaume-Uni pourrait condamner les entreprises à rester à l’état embryonnaire, un constat qu’il n’enrobe pas de sucre. « Honnêtement, le Royaume-Uni est dans une mauvaise posture si le problème persiste », a-t-il avoué.
Au final, on se demande si le Brexit ne s’est pas transformé en un « Brexodus » pour les entrepreneurs britanniques. Car entre la brume de la City et le soleil californien, le choix semble de plus en plus évident pour ces start-ups qui cherchent à booster leurs capitaux sans vouloir attendre le retour du printemps économique. Peut-être que le Royaume-Uni devrait proposer des ice creams pour convaincre ceux qui partent qu’il n’y a pas que les fonds au goût vanille des États-Unis qui méritent d’être goûtés. Après tout, si l’argent pousse sur les arbres en Californie, qui a dit qu’on ne pouvait pas le faire fleurir sous le ciel gris londonien?
Source : Techcrunch