« La confusion est le plus court chemin vers la clarté » dit l’adage. Et au cas où vous l’auriez raté, la commotion autour des nominations aux Game Awards cette année a mis tout le monde d’accord sur un point : définir le terme « indie » est une noble quête… et c’est un sacré gâchis. Prenez le cas de Dave the Diver, un candidat pour le prix du Meilleur Jeu Indépendant, bébé pixelisé d’une grosse pointure sud-coréenne du jeu vidéo, Nexon. Spoiler alert : il va falloir revoir nos critères.
Soyons sérieux, si vous n’avez pas suivi l’histoire, voici le topo. Lorsque les nominations ont été annoncées, on nous a vendu Dave the Diver comme le Graal indie. Il n’en fallait pas plus pour que les fans crient au scandale et allument leurs torches numériques, proclamant sur tous les toits que Dave n’avait de « indie » que la pixelisation de ses écailles, tandis que le grand Nexon tirait les ficelles en arrière-plan. Tel un roi sans habits, le petit plongeur s’est fait prendre la main dans le sac de billets de banque.
Autopsie d’une vraie fausse étiquette « indie ».
La polémique a poussé des sommités comme Geoff Keighley, maître à jouer des Game Awards, à défendre tant bien que mal la présence du titre parmi les nommés. Avec la délicatesse d’un médiateur lors d’un repas de famille agité, Keighley a plaidé en faveur d’un « esprit indépendant » face à une assistance numérique peu convaincue et surtout frustrée. Entre nous, c’est un peu comme dire que la Tour Eiffel s’illumine grâce à l’esprit de Paris, la réalité est un poil plus connectée.
Notons que le comité de sélection, qui comprend pas moins de 120 médias, s’est fait un film plus qu’un jeu vidéo sur cette candidature. C’est humain après tout, mais quand on vote pour un prix censé soutenir le petit qui se bat contre le gros, c’est plus gênant que de découvrir que le lutin de Noël n’est autre que Papa avec une fausse barbe. Bref, chez Les Game Awards, l’apparence semble l’emporter sur le fond. Pas très indie, tout ça.
Ceci dit, la méprise est l’occasion d’ouvrir une vraie discussion sur l’essence même de l’indépendance dans les jeux vidéo. C’est un thème que j’ai toujours couvert avec passion, scrutant sous le capot des créations qui ne doivent leur existence qu’à la grâce de leur génie et à quelques passionnés qui les financent. L’indie, c’est l’enfant prodige de l’industrie qui brille par son authenticité et qui, souvent, cache des talents incroyables à la recherche d’un soutien altruiste pour développer leurs innovations.
Alors je vous propose ma petite recette maison pour déceler l’esprit indie : Un petit studio a-t-il le contrôle créatif absolu? Est-il lié par les lianes monétaires d’un géant du jeu vidéo ? Et surtout, peut-il survivre sans que chaque joueur lui offre sa pièce d’or en achetant son jeu ? Si vous avez trois fois « Non, » reposez tranquillement Dave the Diver sur l’étagère des superproductions et passez votre chemin.
Au final, on pourrait presque remercier Dave the Diver et ses parents bien dotés. Grâce à leur faux pas, ils ont ravivé le débat sur ce qui fait battre le cœur indie de l’industrie du jeu. Peut-être est-ce juste une question de timing, car après tout, on sait bien que dans le monde des jeux, comme dans la vraie vie, le « Game of the Year » peut très bien finir en « Flame of the Year ».
Source : Engadget