Pourquoi les géants technologiques tremblent-ils à l’approche du Nouvel Acte des Marchés Numériques (Digital Markets Act, DMA) de l’Union Européenne, prévu pour 2024 ? Cette réglementation, qui exigera l’interopérabilité entre les applications de messagerie de grande taille, pourrait cependant épargner un acteur majeur : iMessage d’Apple. Une révélation surprenante, parue dans un rapport de Bloomberg, indique que le service pourrait ne pas être contraint à cette ouverture en raison de sa popularité insuffisante parmi les utilisateurs professionnels. Est-ce une décision équitable ?
Le rapport de Bloomberg, s’appuyant sur des sources bien informées, avance que le Bloc ne demandera pas à Apple de rendre iMessage interopérable avec d’autres services tels que Messenger ou WhatsApp. Mais quelle peut être la validité de cette information alors que la décision définitive n’est pas encore gravée dans la pierre ?
En septembre, l’UE a dressé une liste de 22 services de six entreprises, dont Alphabet, Amazon, Apple, ByteDance, Meta et Microsoft, qui seront soumis au DMA. iMessage d’Apple était absent de cette liste — cependant, iOS, l’App Store et Safari resteront touchés par la réglementation. Devons-nous en conclure que certains acteurs auront des avantages compétitifs inattendus ?
La question de l’interopérabilité des services de messagerie continue de diviser.
Le mois dernier, Apple a fait une annonce capitale : l’adoption du service de messagerie enrichi RCS — une évolution du protocole SMS/MMS — pour l’année suivante. Cela signifie-t-il que les utilisateurs d’Android pourront envoyer des photos et vidéos haute résolution, alors que leurs messages apparaîtront toujours dans des bulles vertes, perpétuant le débat des bulles vertes contre bulles bleues ?
Historiquement, Tim Cook et Apple ont montré peu d’empressement à adopter RCS. Face aux plaintes d’utilisateurs ne pouvant envoyer des vidéos haute résolution, Cook avait même suggéré d’« acheter un iPhone à votre mère ». Qu’est-ce qui motive réellement Apple à rester si fermé ?
Tandis qu’Apple maintient son approche isolée avec iMessage, d’autres entreprises innovantes s’affairent à trouver des solutions pour l’apporter sur Android. Beeper a récemment annoncé une application, Beeper Mini, prétendant avoir inversé la tendance avec le protocole iMessage. On observe également une mise en œuvre limitée de iMessage sur Mac par Texts.com, détenu par Automattic. Enfin, la société Nothing de Carl Pei a exploré une solution avec l’application Sunbird, bien qu’elle ait dû mettre le projet en pause pour des raisons de sécurité. Cette course à l’interopérabilité reflète-t-elle une réelle demande des utilisateurs ou juste une réaction à la pression réglementaire ?
Indépendamment de cela, Meta a déjà commencé à préparer WhatsApp en vue de l’interopérabilité, comme l’indique le code de l’application découvert par WABetaInfo. Serait-ce le signe d’une transformation majeure dans l’univers des applications de messagerie, longtemps dominé par des silos fermés ?
Source : Techcrunch
