« Un gramme de prévention vaut plus que bombonne de carbonne! » C’est ainsi que l’on pourrait résumer la dernière ruée vers l’or vert des start-ups. En vedette ? Ceezer, l’étoile montante qui fait tourner les têtes et ouvrir les portefeuilles, avec une levée de fonds qui affiche maintenant des chiffres qui donneraient le tournis à un écureuil dopé à la caféine. Après avoir gratté un joli pactole de 4,2 millions d’euros en balles de graines l’an dernier, ils reviennent à la charge avec un sérieux butin de 10,3 millions d’euros.
Leur créneau ? Faire le grand nettoyage dans le joyeux bazar des crédits carbone, où la transparence avait jusqu’ici la consistance d’un smoothie d’algues. Mais pas de panique, Ceezer manie l’époussette avec un certain brio, armé de 3,5 millions de points de données. Rien que ça ! Entre deux coups de balai, ils signent des clients aussi cossus que Siemens et Zooplus.
Pourquoi une telle expansion, s’interroge-t-on en grignotant une carotte bio? Les aficionados des USA, voyez-vous, goûtent particulièrement le commerce à la sauce locale. Magnus Drewelies, le grand manitou de Ceezer, explique qu’il s’agit là d’une stratégie de « contact local » pour séduire le marché américain, autant dire que l’Oncle Sam préfère serrer la main d’un voisin que de discuter avec un cousin éloigné.
Ceezer, avec ses millions de points de données et ses nouveaux gros clients, prépare le terrain américain pour régner en maître sur le marché florissant des crédits carbone.
Il semblerait que le marché volontaire du carbone aux États-Unis (VCM pour les intimes) se gonfle comme une voile au vent de la régulation. Nos clients, dit Drewelies, ils ne veulent pas rester sur le carreau avec de grands projets de net-zero et pas de quoi les financer demain, sous le bras. Autant dire qu’il s’agit de remplir sa besace avant que le marché ne ressemble à un rayon de papier toilette en période de pandémie.
Du côté d’autres startups, on ratisse le même terrain, mais avec des râteaux différents. Supercritical, visant le secteur tech, et CUR8, avec GV (Google Ventures) à ses côtés, assemblent des portefeuilles de retraits de carbone aussi branchés qu’une playlist de musiques électroniques, pendant que Patch in the US joue dans la cour des grands avec des millions qui défilent comme des likes sur une vidéo de chatons.
Pourtant, il faut rester les pieds sur terre – le marché du retrait de carbone demeure une mince affaire. Les crédits carbone font figure d’accessoire vestimentaire vintage suite aux scandales de « greenwashing ». Sans compter que les alternatives, aussi croustillantes soient-elles, se vendent au prix d’une truffe blanche, tant les technologies de retrait de carbone ont encore l’âge de l’adolescence.
Mais voilà que Marta Krupinska, cofondatrice de CUR8, souffle que la demande va virer au vert foncé, boostée par le coup de pousse des régulations et des conformités. Ce qui ressemble à un marathon pour les start-ups pourrait bien se transformer en olympiade lucrative, une fois que le marché aura pris du muscle.
Rôle attendu – les petits poissons pourraient se faire avaler par les gros, une histoire de consolidation à l’horizon. Et bien que la boule de cristal soit aussi claire qu’une théorie du complot, tout le monde a les yeux rivés sur l’horizon, guettant la vague verte qui pourrait bien faire des millionnaires de ceux qui auront su attraper la bonne vague.
Source : Techcrunch