Qu’arrive-t-il lorsque le gouvernement décide d’instaurer une nouvelle taxe affectant directement les géants du streaming musical ? Spotify, l’un des leaders du marché, a annoncé une augmentation de ses tarifs d’abonnement en France en réponse à une nouvelle taxe conçue pour soutenir l’industrie musicale du pays. Mais cette décision est-elle vraiment justifiée ?
La taxe CNM, mise en œuvre par le gouvernement français à la fin de l’année 2023, vise les services de musique générant plus de 20 millions d’euros de revenus dans le pays, dont Spotify, Apple Music et Deezer. Cette taxe de 1,2 % sur tous les revenus de streaming dans le pays a déclenché une vague d’opposition de la part de ces grandes entreprises, bien qu’Apple Music et Deezer n’aient pas encore annoncé d’augmentation de prix comparable. Mais qu’est-ce qui justifie une telle résistance de la part de Spotify ?
Daniel Ek, le PDG de Spotify, a publiquement exprimé son mécontentement, qualifiant la taxe de prélèvement gouvernemental inutile qui ne finance que partiellement l’industrie musicale. Selon lui, cette taxe génèrera environ 15 millions d’euros, alors que le budget administratif du CNM s’élève à 20,2 millions d’euros. Ek s’inquiète du fait que moins de la moitié de son budget global de 146,9 millions d’euros sera effectivement utilisée pour soutenir la musique. Mais ces craintes sont-elles fondées ?
Spotify augmente ses prix en France en réponse à une taxe soutenant l’industrie musicale, mais cette hausse est-elle justifiable ?
Spotify a initialement réagi à l’annonce de la taxe en décembre en retirant son soutien financier à des festivals de musique français. La compagnie n’a pas menacé de quitter la France, probablement en raison de l’importance cruciale du marché français pour ses revenus. Cependant, elle mène une campagne de pression publique, peignant la taxe comme une extorsion de fonds par le gouvernement. Est-ce une stratégie pour incliner l’opinion publique en sa faveur ou une véritable préoccupation pour l’industrie musicale ?
Selon Daniel Ek, bien que la taxe générera 15 millions d’euros, il est préoccupé par le fait qu’une part minime de cette somme sera effectivement utilisée pour aider la musique. Cependant, il n’a pas fourni de preuves concrètes que les frais ne seraient pas affectés au soutien de la musique. La question demeure : où ira réellement cet argent ?
En dépit de la controverse fiscale, Spotify a connu une croissance de son chiffre d’affaires de 16 % en glissement annuel, avec 3,7 milliards d’euros au quatrième trimestre de 2023. Ce succès financier contraste avec la décision de la société de réduire son budget de marketing artistique et son soutien aux festivals de musique français. Est-ce une contradiction ou une nécessité financière ?
Daniel Ek a souligné que, malgré la décision difficile de réduire le budget de marketing artistique et le soutien aux festivals, ces mesures restent essentielles pour que Spotify continue de générer des centaines de millions d’euros pour l’industrie musicale. Alors, ces augmentations de prix sont-elles vraiment inévitables pour Spotify, et comment les abonnés français réagiront-ils à cette nouvelle ? Ek promet que les détails de la hausse des prix seront révélés dans les prochaines semaines.
À la lumière de ces éléments, doit-on considérer la démarche de Spotify comme un acte de résistance légitime face à une taxe imposée ou comme une tentative de maximiser ses profits au détriment des abonnés et de l’industrie musicale française ?
Source : Engadget
