« En matière de technologie, plus c’est bizarre, plus c’est amusant. » Cela pourrait bien être l’adage non officiel de l’internet, mais aujourd’hui, c’est Jon Stewart et son récent tête-à-tête avec Lina Khan, la présidente de la FTC, qui incarnent cet esprit. L’anecdote la plus savoureuse de leur rencontre ? Apple suppliant Stewart de ne pas interviewer Khan dans le cadre de son podcast, une extension de son émission sur Apple TV+, The Problem with Jon Stewart. Sacré revirement pour une entreprise qui se targue habituellement de défendre la liberté d’expression, n’est-ce pas ?
« Je voulais vous inviter dans un podcast et Apple nous a demandé de ne pas le faire », a confié Stewart à Khan avec un air de conspirateur. « Ils ont littéralement dit : ‘S’il vous plaît, ne lui parlez pas.' ». Imaginez un peu la scène : Apple, tel un parent inquiet, tenant la lanterne de la censure sur le doux chemin de la connaissance. Ah, ironie, quand tu nous tiens !
L’émission de Stewart a ainsi été ponctuée de réflexions sur ce qu’Apple autorisait. Avant même d’en venir à Khan, Stewart nous a offert un amuse-bouche sur l’intelligence artificielle, en démystifiant les promesses altruistes des leaders de l’IA. Il semble qu’Apple ait été particulièrement frileux à l’idée de divulguer même cette critique bon enfant. « Ils ne nous ont même pas laissé faire cette petite chose stupide que nous avons faite dans le premier acte sur l’IA, » s’est plaint Stewart. Que craignent-ils tant dans la mise en lumière de ces débats ?
« Cela montre le danger de concentrer autant de pouvoir et de prise de décision entre les mains d’un petit nombre d’entreprises, » a répondu Khan.
Et comme un dernier acte de cette comédie, The Problem With Jon Stewart a été abruptement annulé, juste avant sa troisième saison, apparemment à cause de désaccords sur des segments potentiels sur l’IA et la Chine. Cela a incité des législateurs américains à interroger Apple, cherchant à savoir si la décision était liée à d’éventuelles critiques à l’égard de la Chine. Telle une saga politique où Apple joue le rôle peu convaincant du gardien de la moralité.
Dans cette farandole de questions et de suppositions, Stewart n’a pas explicitement lié la fin de son émission aux problèmes soulevés avec l’IA et l’interview de Khan, mais il a clairement indiqué qu’Apple avait exercé une sorte d’influence éditoriale sur des questions le concernant directement. Pendant ce temps, Khan, dans un rôle presque prophétique, évoquait le procès de la FTC contre Amazon et d’autres sujets brûlants tels que la collusion entre entreprises technologiques via l’IA, la consolidation d’entreprises, et plus encore.
En somme, entre le jeu d’ombres chinoises orchestré par Apple, la franche camaraderie de Stewart et Khan, et les débats sur l’intelligence artificielle qui semblent être perçus comme de la science-fiction dystopique par certains, ce segment nous laisse avec une réflexion profonde sur la liberté d’expression, le pouvoir des corporations, et, disons-le, un bon vieux fou rire devant les paradoxes de notre ère numérique.
Comme quoi, en technologie comme au théâtre, tous les mondes sont une scène, mais certains acteurs ont clairement plus de répliques que d’autres. Et pour Apple, c’est peut-être le moment de se demander si jouer le rôle du censeur ne les place pas, ironiquement, dans le mauvais rôle de cette pièce moderne. Après tout, dans le théâtre de la technologie, mieux vaut être le bouffon sage que le roi aveugle. Comme dirait l’autre, dans le monde de la pomme, il semble parfois que l’on croque plus qu’on ne mâche.
Source : Engadget