« Dans le monde des startups, on ne perd jamais. Soit on gagne, soit on apprend. » C’est dans cet esprit que nous nous plongeons dans l’histoire poignante de Mahbod Moghadam, le co-fondateur de Genius et Everipedia, et investisseur ange connu pour sa personnalité aussi brillante qu’édifiante, qui nous a malheureusement quitté le mois dernier à l’âge de 41 ans, emporté par des « complications d’une tumeur cérébrale récurrente ».
L’écho de son départ n’a atteint le monde des startups que récemment, déclenchant une vague d’hommages sur la plateforme X, dont celui de Josh Constine, ancien rédacteur pour TechCrunch devenu investisseur, qui a jadis interviewé Moghadam. Pour Constine, Mahbod était « un homme complexe, provocateur et parfois problématique, mais également sincèrement drôle, brillant et toujours unique ».
Récemment installé à Los Angeles, après un passage chez Mucker Capital comme entrepreneur en résidence, Moghadam cherchait notamment des moyens de permettre aux créateurs de se faire payer directement pour leur travail. Parmi ses projets, HellaDoge, une plateforme sociale éphémère qui récompensait ses utilisateurs en dogecoin pour le contenu créé, marquait une rupture avec les géants comme Facebook ou Twitter, où seul le site tire profit de l’engagement des utilisateurs.
« Une vision audacieuse dans laquelle les utilisateurs, et non les plateformes, tirent profit de leur créativité. »
Dans un entretien accordé à According 2 Hip Hop, Moghadam exposait une idée similaire pour Communistagram. Un concept où chaque créateur pourrait, simplement en utilisant l’application, se voir directement rémunéré via Venmo, évitant ainsi les intermédiaires comme Spotify ou YouTube. Une manière pour Moghadam de renverser la table des modes de rémunération traditionnels pour les créateurs de contenu.
Son intérêt pour des modes de rémunération justes et directs remonte à 2009, après avoir obtenu son diplôme de l’université de Yale puis de la faculté de droit de Stanford. L’aventure Rap Genius, qu’il co-fonde avec deux amis de Yale après avoir été « gentiment encouragé à quitter » le cabinet d’avocats où il travaillait, incarne parfaitement cet esprit rebelle et innovant. Le site, initialement conçu pour décrypter les paroles de chansons hip-hop, s’est rapidement imposé comme une référence pour les fans et les artistes eux-mêmes.
Malgré des débuts prometteurs et le soutien d’investisseurs de renom, Rap Genius, ensuite renommé Genius, et Moghadam ont été marqués par des comportements controversés menant à sa démission. Plus tard, il cofonde Everipedia, une encyclopédie décentralisée basée sur la blockchain, illustrant son intérêt constant pour des plateformes plus équitables et collaboratives.
La vision de Moghadam, malgré le déclin de Genius et ses propres déboires professionnels dans ses dernières années, demeure un témoignage poignant de sa quête incessante pour réinventer les modes de rémunération des créateurs. Son parcours, jalonné de succès, d’échecs et de controverses, laisse derrière lui un héritage d’innovation et une communauté qui, malgré tout, continue de le célébrer.
En conclusion, même si Mahbod Moghadam a eu des démêlés avec le succès, il a sans aucun doute réussi à marquer le web de son empreinte indélébile. Et comme il nous l’a montré, dans l’univers impitoyable des startups, il faut parfois savoir sortir des lignes pour dessiner son propre chemin. Une leçon de vie qui, certes, ne paye pas de mine, mais qui, à y regarder de plus près, vaut son pesant de dogecoins.
Source : Techcrunch