« La technologie moderne n’aurait jamais vu le jour si les ouvriers ne l’avaient pas vue d’abord. » Un clin d’œil à la réalité souvent cachée de ceux qui triment loin des projecteurs – les travailleurs de la donnée. Aujourd’hui, levons le voile sur ce groupe méconnu mais essentiel!
Les tâches ingrates, répétitives ou psychologiquement épuisantes sont souvent délocalisées dans les pays les plus pauvres. Là où un salarié européen ou américain rechignerait, on trouve des travailleurs heureux d’accepter ces postes pour une fraction du salaire. Ces postes ne risquent pas de coûter un bras (au sens propre!) mais n’en sont pas moins usants. C’est ce que met en lumière le Data Workers’ Inquiry, une initiative conjointe entre DAIR et l’université de Berlin.
Les témoignages rassemblés dans ces rapports sont frappants, nombreux et surtout accessibles librement. Ces récits partagent les tribulations, les espoirs et les douleurs des travailleurs de la donnée à travers le monde, de la part de ceux qui modèrent nos réseaux sociaux ou annotent des données cruciales pour les intelligences artificielles.
En coulisses, nos écrans lumineux cachent souvent des vies ternes et tourmentées.
Loin des statistiques souvent triomphes qui parlent de taux de satisfaction et de salaires compétitifs, ces rapports privilégient l’anecdote et l’observation anthropologique. Prenons le cas de Fasica Berhane Gebrekidan, qui expose la réalité des travailleurs kényans encline à des troubles mentaux et dépendances chimiques, soumis quotidiennement à des contenus violents et perturbants.
Presque mieux qu’un thriller, ces histoires percutent avec leur authenticité brute. Rien de tout cela ne ressemble au rêve vendu par les entreprises qui prônent l’éthique dans le traitement des données. Sama, par exemple, est décrié par ses employés pour son manque de soutien et des conditions de travail épouvantables. Choquante ironie quand on pense que ces travailleurs étiquetés « éthiques » font face à des horreurs constamment.
Certes, ce n’est pas nouveau. Mais cela reste pertinent et ça pique nos consciences anesthésiées par des likes et tweets. Yasser Yousef Alrayes, un autre témoignage poignant de la Syrie, choisit de documenter son vécu à travers un court film. Visionnez-le et vous verrez, les huit minutes s’écoulent comme un souffle.
Finalement, pourquoi est-il vital de prêter attention à ces récits? Parce qu’ils ne viennent pas de robots, mais de vraies personnes. D’autres cohortes de travailleurs – du Brésil, de la Finlande, de la Chine, et de l’Inde – pourraient bientôt enrichir cette vérité crue. Espérons que ces récits percent davantage notre bulle de privautés numériques avant qu’elle n’éclate à force d’ignorer ses dégâts humains.
Alors, la prochaine fois que vous signalez un contenu, rappelez-vous que derrière chaque clic se cache une personne, et souvent derrière cette personne, un calvaire. On pourrait dire qu’ignorer leur histoire serait… un acte de modération mentale!
Source : Techcrunch