« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? » – Jules Renard. C’est peut-être la devise de Nebius, cette start-up pas tout à fait une start-up.
Nebius, c’est l’enfant phœnix né des cendres de Yandex, souvent comparé au « Google de la Russie ». Mais attention, on n’est pas dans la blague ici, on parle d’une entreprise publique avec 1 300 employés et 2,5 milliards de dollars sur le compte. Un géant naissant, mais un géant quand même !
Arkady Volozh, co-fondateur de Yandex, l’a bien résumé : « C’est comme une start-up car on ‘démarre’, mais une start-up de taille XXL ». Démarrons donc notre aventure avec Nebius, qui sort enfin de l’ombre de Yandex après que l’UE a décidé de lever les sanctions contre Volozh.
Une nouvelle ère pour Nebius après la séparation de Yandex et de la Russie.
Yandex était une véritable pieuvre avec ses tentacules dans des domaines aussi variés que la recherche, le commerce électronique, les cartes et les transports. Leur cotation au Nasdaq en 2011 a été le bouquet final, jusqu’à ce que le conflit Russie-Ukraine vienne tout chambouler. Le Nasdaq a alors mis un frein aux négociations, demandant à Yandex de couper ses liens avec la Russie.
Le grand nettoyage a commencé en février dernier, lorsque Yandex N.V. a dévoilé son plan de sortie : vendre tous ses actifs russes pour 5,4 milliards de dollars. Seul hic ? Une loi russe impose une réduction obligatoire de 50 % pour toute entreprise mère située dans un pays « inimical ». Un vrai casse-tête géopolitique.
Enfin libérée de ses chaînes russes, Yandex N.V. s’est transformée en Nebius AI, une plateforme naissante dédiée à l’infrastructure IA. Nebius n’est pas une start-up classique mais elle se bat pour se faire une place parmi les géants du cloud computing et les start-ups de « GPU-as-a-service ». Des adversaires de taille comme CoreWeave et Flex AI ne lui feront pas de cadeau, mais Nebius a dans sa manche quelques atouts majeurs comme son data center finlandais et son partenariat avec Nvidia.
Tout cela s’accompagne d’une mission titanesque : tripler la capacité de son data center en Finlande et établir des centres supplémentaires à travers l’Europe. Arkady Volozh reste optimiste, même si la montagne à gravir est grande. Revenir sur le marché public est une mission ardue, mais nécessaire pour drainer des capitaux considérables.
En parlant de capital, pourquoi ne pas simplement redevenir privé et éviter les feux de la rampe ? D’après Volozh, l’infrastructure IA est si coûteuse à déployer que le capital public est une nécessité. Remarquant que même les « second tiers » comme CoreWeave lèvent des fonds massifs, il affirme que Nebius est sur la même trajectoire, mais avec un léger avantage : une expertise inégalée.
Avec une équipe composée à 80 % d’ingénieurs chevronnés, Nebius a l’expérience et le savoir-faire pour rééditer les succès passés à plus petite échelle. Amsterdam, aujourd’hui le plus grand hub de l’entreprise, accueille désormais une foule de talents internationaux qui fuient le conflit en Russie.
Une histoire de migration compliquée, mais avec une fin heureuse. Nebius est en terrain fertile en Europe et ses employés qui ont fui la guerre peuvent maintenant contribuer à une nouvelle entreprise prometteuse. Le tout, en construisant des infrastructures IA qui feront rougir d’envie les géants de la tech.
En somme, Nebius est un peu comme un vieux Vinyle devenu Spotify : toujours la même musique mais avec une toute nouvelle dynamique. Bref, comme on dit souvent, « Tout change pour que rien ne change. »
Source : Techcrunch