« L’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue. » – Proverbe français
Dans le monde du capital-risque, ce proverbe prend une tournure particulière, surtout lorsqu’on parle des femmes et des fondateurs issus de communautés marginalisées. Les chiffres sont là pour le prouver : le financement pour ces groupes reste souvent en deçà des espérances, voire piétine sur place lors des années moins fastes.
Pour les fondateurs noirs, l’année 2021 a été un pic avant une chute drastique. Le meurtre de George Floyd avait déclenché une vague de soutien et de promesses, mais à en juger par les statistiques récentes, ces bonnes intentions semblent s’être fait la malle. En 2023, seulement 0,13% du capital-risque a été destiné aux fondateurs noirs. Il semble que les promesses de soutien soient rapidement abandonnées en cours de route.
Le financement pour les femmes et les communautés marginalisées oscille entre stagnation et régression.
Il paraît que pour obtenir un meilleur chèque, une fondatrice doit s’associer avec un homme. Oui, vous avez bien lu. Les équipes mixtes voient leurs financements augmenter tandis que les femmes fondatrices en solo galèrent toujours à atteindre des pourcentages décents de financement. En 2022, les startups fondées par des femmes n’ont levé que 1,9% de tous les fonds de capital-risque, en baisse par rapport à 2021.
Et ce n’est pas tout ! D’autres communautés marginalisées sont également en difficulté. Les fondateurs latinos et les membres de la communauté LGBTQ+ ne font pas meilleure figure lorsqu’il s’agit d’attirer les investisseurs. Crunchbase a même commencé à suivre de près le financement pour les fondateurs LGBTQ+ l’année dernière pour tenter de mieux cerner le phénomène.
Les experts, les investisseurs et les fondateurs eux-mêmes ont des opinions bien tranchées sur la question. Pour certains, il s’agit de mythes tenaces qui freinent l’investissement diversifié. Pour d’autres, c’est la persistance d’un « plafond de béton » qui ferme les portes du capital-risque aux minorités.
Et ce problème ne se limite pas aux États-Unis. En Europe aussi, les fondateurs issus de minorités témoignent de leurs difficultés à lever des fonds, tout en rêvant de conquérir le marché américain malgré les obstacles.
En fin de compte, on peut dire sans se tromper qu’il est temps de changer la conversation autour du financement pour les entrepreneurs diversifiés. Peut-être qu’un jour, au lieu de dire « l’argent ne fait pas le bonheur », on pourrait dire « l’argent bien réparti, ça ferait déjà un grand pas ».
Source : Techcrunch