« La technologie n’est faite que pour les feignants actifs : elle travaille pendant que vous vous reposez, mais a besoin de vous après une mise à jour. »
Le 5 août, Shyam Sankar, le directeur technique de Palantir, s’est adressé à une vingtaine de nouvelles recrues dans les bureaux de Washington, D.C. Plutôt classique, me direz-vous : mission de l’entreprise, histoire de Palantir, etc. Mais avec une petite surprise: Sankar a vanté les mérites d’une nouvelle vague de startups de la tech de défense. Les fondateurs de ces startups sont d’anciens employés de Palantir, Tesla et SpaceX. Qui aurait prédit cela il y a quelques années ?
Ah, l’importance idéologique ! À côté de cela, les contrats gouvernementaux de Palantir rendent minuscule toute affaire avec ces startups. Pourtant, il semble que tisser des liens philosophiques n’a pas de prix. Pour encourager une structure plate, Sankar termine son discours en invitant les employés à lui lancer un « f–k off » collectif. Sympa, non ? Rien de tel qu’un petit juron pour rapprocher les esprits pionniers et fondateurs.
Palantir joue un jeu de startup tout en conservant ses contrats gouvernementaux. Une stratégie philosophico-commerciale intrigante.
Depuis plus de 18 ans chez Palantir, Sankar est un fervent partisan de la nouvelle génération de startups de la défense. Un secteur qui a accueilli plus de 129,3 milliards de dollars de capital-risque depuis 2021 selon PitchBook. Il mentionne des startups comme Apex Space et Castelion, qui injectent une énergie nouvelle à Palantir.
En 2023, Palantir lance « First Breakfast », un programme visant à fournir aux startups de la défense conseils et outils. Sankar compare cette initiative au moment de transformation d’Amazon.com avec AWS. Et au vu de son engouement, il ne cesse de dialoguer avec startups et capital-risqueurs.
Si Alex Karp, le PDG de Palantir, n’hésite pas à philosopher sur la protection des valeurs occidentales, Sankar reste lui aussi préoccupé par la capacité d’Amérique à faire face aux futurs conflits. Il rappelle que « gagner n’est pas assuré », et que Palantir doit aider le pays et l’Occident à réussir.
Dès 2004, Sankar était prédestiné à s’intégrer dans la Silicon Valley. Mais en 2006, à la surprise de son premier patron Kevin Hartz, il se tourne vers DC pour rejoindre Palantir. Au début, personne ne croyait vraiment en l’idée de faire des affaires avec le gouvernement, et les investisseurs disaient même que c’était une fausse bonne idée. Mais Palantir a persévéré, avec une touche brash.
Première percée ? Un investissement et des facilités de l’In-Q-Tel, un fonds de la CIA. Depuis, Palantir a grandi, remportant des contrats majeurs comme celui de 480 millions de dollars avec le Project Maven. Ce succès a aussi inspiré d’autres startups de la défense, financées par des anciens comme Joe Lonsdale, cofondateur de 8VC.
Alors que le secteur tech de la défense explose, les craintes de Sankar sur la préparation militaire américaine grandissent aussi. Un officier lui a rappelé que « l’armée que nous avons aujourd’hui sera celle avec laquelle nous combattrons en 2032 ». Imaginez-vous donc si une entreprise décidait que son infrastructure ne change pas pendant 10 ans. Mal barrée, non ?
Avec « First Breakfast », Sankar espère revitaliser le secteur en offrant des outils internes de Palantir aux startups pour les aider rapidement à obtenir les accréditations gouvernementales. Une sorte de raccourci pour éviter des années d’attente et des millions en audits.
Et l’avenir de First Breakfast ? Sankar rêve d’organiser un vrai petit-déjeuner. Mais hélas, la tech se lève tard. Alors, à quand un brunch ?
Source : Techcrunch