« L’Europe a un incroyable talent, mais il lui manque un bon agent. »
Il semblerait que l’Europe se soit enfin décidée à dépoussiérer sa garde-robe législative pour aider ses entreprises à innover. Au milieu des nombreuses réformes proposées, une idée suscite un intérêt inattendu : la création d’un statut d’entreprise commun à toute l’UE, connu sous le nom de « 28ème régime », ou plus familièrement en tant que « EU Inc ». Cette initiative, lancée par un mouvement de base soutenu par des entrepreneurs et des capitaux-risqueurs (VC), a séduit plus de 11 000 signataires en un rien de temps grâce à une pétition en ligne.
Pour les non-initiés, l’idée de « EU Inc » vise à offrir une structure semblable au fameux Delaware C-Corp américain, bien connu des startups et VC. L’Europe, avec son penchant pour les noms latins pompeux, avait déjà essayé avec la « Societas Europaea », mais le concept n’a jamais vraiment pris son envol. EU Inc espère remédier à cette situation en facilitant les investissements transfrontaliers et en simplifiant la vie des startups qui rêvent de dominer le continent sans escale bureaucratique.
En gros, EU Inc veut que l’Europe passe de fastidieuse à fast business.
Supportée par des figures de proue telles que Niklas Zennström et Patrick Collison, l’initiative espère désormais frapper à la porte de la Commission européenne. Le co-leader de la pétition, Andreas Klinger, est déterminé à surmonter les obstacles du passé : « Les startups européennes ont besoin de cela, et vite, » déclare-t-il avec une urgence palpable, soulignant par ailleurs les « problèmes structurels fondamentaux » qui freinent l’Europe.
La feuille de route de EU Inc prévoit de remettre sa pétition finale le 1er décembre, dans l’espoir que le prochain collège des commissaires européens en fasse une priorité pour les années à venir. Avec le soutien institutionnel discret mais significatif des rapports d’Enrico Letta, Mario Draghi, et de la présidente Ursula Von der Leyen, la campagne cherche à rassembler toutes les bonnes volontés, du simple fondateur de startup au lourd monolithe bureaucratique européen.
Derrière cette initiative se cache également France Digitale, une organisation de lobbying pour les startups et VC français, qui a préconisé un « 28ème régime » bien avant l’apparition de EU Inc. Leur document de travail, peaufiné avec leurs partenaires européens, appelle à une « réglementation » pour éviter les disparités nationales, apprenant des erreurs de la Societas Europaea qu’ils jugent inutilisable pour les PME et les startups à forte croissance.
Bien sûr, tout n’est pas rose. Les sceptiques, comme l’avocat spécialiste Steve Jeitler, craignent que les divergences entre régimes de maintenance de capital ne compliquent l’accord sur un standard commun. « Quand il s’agit du EU Inc, j’ai sérieusement des doutes que les pays puissent s’accorder sur une norme commune simple à comprendre et, surtout, pas trop bureaucratique, » note-t-il. Mais l’optimisme repose sur les précédentes campagnes comme Not Optional, qui ont prouvé qu’avec la persévérance, des avancées peuvent être faites.
Alors, l’Europe ressemble-t-elle enfin à un champion de la tech ? Si oui, reste à voir si le continent saura danser sur le rythme de l’innovation ou tirera le diable par la queue. Espérons que, cette fois, EU Inc prouvera que l’union fait aussi la force (et les entreprises prospères).
Et entre nous, si l’Europe veut vraiment trouver le chemin du succès, ce serait peut-être pas mal de demander son avis au GPS…
Source : Techcrunch