La régulation de l’innovation est-elle un frein ou un accélérateur pour le secteur technologique? Alors que les géants établis et les startups revendiquent une pause dans les règles du jeu, que cache vraiment cette alliance improbable?
Une coalition surprenante vient de faire surface : d’un côté, Marc Andreessen et Ben Horowitz, fondateurs d’a16z, et de l’autre, Satya Nadella et Brad Smith de Microsoft. Ensemble, ils implorent le gouvernement de ne pas étouffer ce qu’ils qualifient d’innovation par des régulations trop rigides. Mais qui protège-t-on réellement par cette démarche, si ce n’est les intérêts financiers des grandes entreprises et de leurs investisseurs?
Derrière cet appel à la non-régulation, se profile un projet de loi, le SB 1047, qui rapide éveil les critiques. Le spectre d’une soi-disant « taxe régressive » plane, un coût que seules les entreprises les plus établies pourraient se permettre de gérer. Pourtant, ce même projet de loi revendiquait protéger les petites structures et startups. Alors pourquoi ce renversement de narration par les géants du secteur?
En brandissant le scepticisme sur les régulations, n’assistons-nous pas simplement à une stratégie de contrôle des grosses entreprises cherchant à déterminer les règles à leur avantage?
Ce jeu de lobbying s’inscrit dans une tactique éprouvée où les grandes entreprises réussissent à influencer les décisions à l’échelle des États, tout en prônant publiquement une gouvernance fédérale qu’ils savent improbable. En torpillant le SB 1047, ils maskent une tentative de mise en place d’une politique fédérale, ou plus exactement, l’absence de celle-ci.
Les têtes pensantes derrière cette offensive expriment leur soutien à des approches « responsables et basées sur le marché », autrement dit, une demande que l’État ne touche pas à leurs profits sous le prétexte de régulation. Cette rhétorique soulève des questions sur leurs véritables intentions : cherchent-ils réellement l’équilibre ou simplement à préserver leurs bénéfices?
Au cœur des propositions, l’idée que le droit des logiciels à exploiter les données pour « apprendre » s’apparente à celui des humains. Pourtant, il est crucial de démystifier cette assertion. Les systèmes informatiques, complexes qu’ils soient, ne peuvent être comparés à l’esprit humain et ne devraient pas être exemptés des lois sur la propriété intellectuelle qui valorisent l’innovation et la création.
Ainsi, l’appel semble être plus un plaidoyer pour que ces systèmes industriels puissent utiliser les productions des autres sans contrepartie plutôt qu’une véritable revendication d’équité. Est-ce cette vision de la régulation qui déterminera l’avenir des grands et petits acteurs du secteur technologique?
Alors que Horowitz, Smith, Andreessen et Nadella semblent esquisser une régulation minimisée et à leur convenance, une question demeure: jusqu’où doivent aller les États pour garantir un équilibre entre innovation, éthique et respect des droits existants?
Source : Techcrunch