« Les algorithmes sont les nouveaux James Bond de l’analyse de données. » Anthropic, la petite entreprise qui monte dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), s’allie avec les poids lourds Palantir et Amazon Web Services (AWS) pour offrir aux agences de renseignement et de défense américaines un accès aux modèles de la famille Claude. Quelque part, Ian Fleming prendrait des notes !
Avec la concurrence qui s’intensifie dans le domaine de l’IA, de plus en plus de fournisseurs tentent de séduire les clients de la défense américaine pour des raisons aussi bien stratégiques que financières. Meta a récemment annoncé l’ouverture de ses modèles Llama aux partenaires de défense, pendant qu’OpenAI poursuit ses propres objectifs en lorgnant le département américain de la défense.
Au cœur de cette collaboration, Kate Earle Jensen, responsable des ventes chez Anthropic, affirme que l’intégration sur la plateforme de Palantir, soutenue par AWS, pourra « opérationnaliser l’utilisation de Claude ». Disponible depuis peu, Claude se fraye un chemin dans l’environnement à accréditation de défense de Palantir, le fameux Impact Level 6 (IL6).
Avec Claude et ses comparses de l’IA, le renseignement pourrait bientôt passer en mode turbo, revue technologique en supplément.
Le niveau IL6 du ministère de la Défense est réservé aux données critiques pour la sécurité nationale, nécessitant une « protection maximale » contre tout accès non autorisé. Autrement dit, ce qui se fait de mieux en matière de sécurité, mais juste en dessous de « top secret ».
Jensen se vante d’être à la pointe des solutions IA responsables dans les environnements classifiés américains. Avec Claude, il deviendra un jeu d’enfant de traiter et analyser des tonnes de données complexes. Tout comme le fait de streamer des séries, mais en bien plus secret. Les organisations de défense et de renseignement pourront ainsi prendre des décisions éclairées, optimisant l’efficacité opérationnelle et accélérant les processus analytiques.
L’été dernier, Anthropic avait déjà montré son ambition en apportant certains modèles Claude à AWS GovCloud, un service dédié aux charges de travail du gouvernement américain. Parce que pourquoi se contenter d’un nuage quand on peut avoir tout un ciel ?
Anthropic se positionne d’ailleurs comme vendeuse plus consciencieuse qu’OpenAI. Cependant, elle ne se prive pas de proposer ses produits pour des missions délicates telles que l’analyse du renseignement, l’identification de campagnes de sabotage ou l’avertissement préventif d’activités militaires potentielles. Car, dans le monde de l’IA, la prudence ne nécessite pas de boule de cristal, mais plutôt un bon modèle algorithmique.
Et si tout cela vous semble être un jeu d’espionnage à échelle industrielle, c’est que vous êtes au bon endroit. L’IA suscite un formidable appétit au sein des agences gouvernementales. Un rapport de l’institut Brookings montre un bond de 1 200% des contrats gouvernementaux liés à l’IA cette année. Cela dit, des branches comme l’armée américaine restent sceptiques quant au retour sur investissement. Le monde de l’IA et de la défense, c’est un peu comme essayer de contenter un chat avec des lasers : haletant mais parfois déroutant.
Anthropic, avec ses récentes expansions en Europe et ses discussions pour lever des fonds, vise une valorisation pouvant atteindre 40 milliards de dollars. Amazon, son plus grand investisseur jusqu’à présent, doit s’en lécher les babines.
Sans vouloir trop faire d’amalgames entre IA et culture pop : « À ce rythme, Jacques Clouseau pourrait abandonner son imperméable pour un robot de données tout aussi malin, mais probablement moins distrait. »
Source : Techcrunch