“Si la vie vous donne des citrons, faites-en une IPO !” Voilà la devise qui semble flotter au-dessus de la tête de Swiggy alors que l’entreprise s’apprête à faire son entrée fracassante sur le marché boursier indien ce mercredi. Ce moment tant attendu marquera le début d’une nouvelle ère, non seulement pour Swiggy, mais aussi pour le secteur technologique indien, car la start-up ouvrira la voie à une comparaison publique avec son rival de longue date, Zomato.
Malgré l’environnement morose des grandes introductions en bourse, Swiggy a réussi à amasser 1,4 milliard de dollars auprès de gros bonnets tels que le fonds souverain norvégien et BlackRock. Pourtant, les aventures passées comme celle de Paytm, qui a trébuché avec un prix 47% inférieur à celui de son IPO près de trois ans après son lancement, laissent planer des doutes sur l’appétit du marché. Mais pourquoi Swiggy se lancerait-t-elle dans l’œil du cyclone boursier ? Simplement parce qu’elle est prête à tout dévorer sur son chemin.
Quinze start-ups high-tech indiennes ont franchi le Rubicon boursier ces quatre dernières années. Cependant, le marché n’a que peu d’appétit pour les grandes prouesses financières. Alors que les entreprises comme Nykaa et Star Health continuent de se débattre avec des valeurs en dessous de leur prix d’introduction, les plus petites valorisations de moins de 500 millions de dollars semblent sortir leur épingle du jeu avec brio.
Dans ce duel qui opposera Swiggy et Zomato, l’enjeu n’est pas seulement de devancer la concurrence, mais de révolutionner un marché en pleine ébullition.
Avec des investisseurs les yeux rivés sur Swiggy, l’émergence de l’Inde comme terre d’accueil des IPO retentissantes diversifie ses horizons, tandis que le marché américain reste sous perfusion. Et ce n’est pas tout, nombre de start-ups basées aux États-Unis et Singapour plient bagage pour rentrer chez l’oncle Ganesh. Revenir au bercail, c’est aussi profiter d’un marché indien resplendissant, avec des indices qui grimpent plus vite que le thali à l’heure du déjeuner.
Swiggy, en l’amenant sur la scène publique, ne cherche pas seulement à rivaliser avec Zomato, dont la valorisation a déjà atteint le firmament en dépassant 29 milliards de dollars. Cependant, ce qui distingue Swiggy, c’est sa stratégie de conquête rapide, incarnée par Instamart, son bras armé dans la guerre du « quick-commerce ».
Les magasins Instamart – alias « dark stores » – se comptent par centaines : un modèle qui vient titiller la logistique habituelle d’Amazon ou Flipkart. Avec plus de 600 mini-entrepôts plantés au cœur même des villes, Swiggy assure une livraison condimentée de rapidité. Et pourtant, tout n’est pas si simple. La question reste : ce modèle fonctionne-t-il au-delà de la ville numéro 75 ? Peut-être, mais de la ville numéro 500, on n’est pas encore certain.
Avec l’IPO qui se profile, Swiggy ne veut pas juste s’installer confortablement en investisseurs, mais prouver qu’elle peut grandir sans s’étioler dans un environnement global délicat. Si Prosus et Accel trouvent leur compte avec d’impressionnants retours sur investissement, il n’en reste pas moins que la vraie victoire résidera dans une adoption consommée et surtout, une digestion réussie du marché.
Swiggy et son modèle rapide comme l’éclair pourraient bien transformer la scène commerciale indienne si les étoiles s’alignent. Qu’on se le dise : si Swiggy réussit son IPO, il ne faudra pas longtemps avant que tout le monde ne clame fièrement avoir « mangé ses mots », littéralement et figurativement avec une bagatelle bien assaisonnée d’opportunités ! Bon appétit… boursier.
Source : Techcrunch