Ah, le Black Friday! Ce rituel américano-mondial qui transforme même le consommateur le plus prudent en véritable ours affamé. Une journée initialement unique, désormais étirée tel un élastique sur tout le mois de novembre, où les grandes enseignes sautent sur l’occasion pour exposer leurs produits, presque comme dans une vente aux enchères de la raison. C’est bien simple, le même emballement s’empare des rayons et des cœurs impatients en quête de la fameuse « bonne affaire », une quête quasi mystique où la technologie se met à scintiller plus que la voie lactée le soir de Noël.
À la lueur des réductions mirobolantes, on se demande légitimement si nous ne sommes pas simplement du bétail à qui on a appris à désirer ce qu’on n’avait jamais imaginé nécessaire. Les stratégies subtiles d’Apple, par exemple, exploitent ce champ des possibles, nous entraînant dans un labyrinthe de produits old-gen au prétexte d’un discount alléchant, tout en préservant un prix d’appel haut en couleur.
Et puis, il y a ces gadgets qui font rêver, comme le Chromecast 4K, posé là, innocent, avec sa remise séduisante. Preuve que même les appareils de streaming les plus simples savent se faire désirer au milieu d’une marée de nouveautés plus « bling-bling » qu’efficaces. Une belle manière de nous rappeler que la technologie, dans sa course effrénée vers la nouveauté, est souvent l’art de « réinventer la roue », cette fois avec un prix un tantinet étiqueté.
Et si le Black Friday était avant tout une symphonie de décibels commerciaux jouant sur l’orchestre de nos désirs non assumés?
Dans le tintement de la caisse enregistreuse et le tourbillon numérique, ne manquez pas l’offensive toujours plus fine de ces fintechs de prêts instantanés, un secteur qui profite des mêmes remous commerciaux pour s’imbriquer subtilement dans nos compulsions d’achat. Une valse à trois temps, j’achète, je profite et je rembourse, dangereusement cadencée par l’impulsion et le crédit.
Ceux pour qui le monde de la technologie n’est jamais à court de nouveautés auront en stock des dossiers à éplucher, des tentations à combattre et quelques sages décisions à méditer. Il semble, après tout, que cette grande messe commerciale est intrinsèquement liée à notre capacité à discerner le vrai de l’illusion. Un assortiment de petits trésors à collecter, péril en la demeure, lorsqu’on perd le fil d’une carte bleue en mode maniaque. À vous de faire votre choix, entre offrande de la raison et jeu de l’excès.