« Comme on dit, si vous voulez que quelque chose soit fait correctement, faites-le vous-même…ou laissez une voiture autonome s’en charger! », entendons-nous souvent dans le monde de la technologie.
En effet, une houleuse controverse fait rage dans le paysage technologique automobile. Suite à une publicité pleine page diffusée par la filiale de General Motors, Cruise, qualifiant les humains de conducteurs terribles, une ancienne administratrice de la NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration) a répliqué de manière cinglante. La publicité pointait du doigt les près de 43 000 décès dus aux accidents de voiture en 2022 et présentait les véhicules autonomes comme l’ultime solution.
» Utiliser la douleur et la souffrance causées par ces morts pour la promotion d’un produit non testé et dangereux est indigne. »
Aussi choquant que cela puisse paraître, Joan Claybrook, qui a dirigé la NHTSA de 1977 à 1981 et a été présidente du groupe de défense des consommateurs Public Citizen de 1982 à 2009, a qualifié la publicité de manœuvre de GM pour récupérer une partie de l’investissement colossal qu’elle a consacré au développement des véhicules autonomes de Cruise. En effet, GM a subi une perte de 1,9 milliard de dollars sur Cruise en 2022, soit une augmentation spectaculaire par rapport aux 1,2 milliard de 2021.
Dans sa publicité, diffusée dans les grands journaux nationaux tels que le San Francisco Chronicle, le New York Times, le Los Angeles Times et le Sacramento Bee, Cruise soutient que leurs voitures sans conducteur sont conçues pour sauver des vies. Néanmoins, Mme Claybrook a tiqué sur le fait que le rapport de sécurité « One Million Miles » de Cruise, réalisé avec l’Université de Michigan et l’Institut de recherche sur les transports de Virginia Tech, n’était ni complet ni transparent. Selon elle, un million de miles parcourus par des véhicules autonomes (AV) peuvent sembler importants à première vue, mais ne représentent en réalité que 0,00003% des plus de trois mille milliards de miles parcourus chaque année sur les routes américaines.
Toujours d’après cette administratrice intraitable, la comparaison des performances de Cruise avec celles des conducteurs humains est biaisée, les services de chauffeurs humains faisant chaque semaine presque le triple des « un million de miles » que Cruise a mis un an à accumuler. Même si les voitures autonomes n’ont pas connu d’accidents mortels à San Francisco, de nombreuses incidences de dysfonctionnements des véhicules de Cruise, principalement des arrêts inopinés en plein trafic, ont soulevé des questions sur leur fiabilité et leur efficacité.
Dans tous les cas, c’est la NHTSA, qui, pour rappel, a ouvert une enquête préliminaire sur les véhicules en décembre dernier, qui aura le dernier mot. Du moins, jusqu’à la prochaine publicité!
Source : Techcrunch