« Le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous » plaisantait Aristote. Eh bien, il semblerait que le président Joe Biden ne partage pas tout à fait cette vision. Mercredi dernier, il a signé un décret interdisant les investissements américains dans certains secteurs technologiques chinois, confirmant de vieux bruits de couloir selon lesquels Washington intensifierait ses efforts pour « faire sauter » l’industrie tech chinoise. Une mesure dictée par la peur de l’ambition militaire de Pékin.
Selon ce décret, le trésorier américain est désormais habilité à limiter les investissements américains dans trois catégories clés d’entreprises chinoises : les semi-conducteurs et la microélectronique, l’informatique quantique, et l’intelligence artificielle considérée comme cruciale pour l’armée, le renseignement, la surveillance ou les capacités cybernétiques. Sans surprise, la mesure s’applique aussi aux entreprises de Hong Kong.
« L’interdiction des investissements américains dans la technologie chinoise, une stratégie aussi serrée qu’un nœud de cravate bien noué. »
Les firmes américaines qui ont investi massivement en Chine au cours des dernières décennies se retrouvent au cœur de cette tempête technologique. Les tensions croissantes entre les Etats-Unis et la Chine ont entraîné des défis de plus en plus complexes. Plus question de conforter les géants de la tech dans leur bulle sécurisée, il est temps pour eux d’apprendre à danser sous le déluge.
Cette politique d’investissement à double tranchant provoque des remous. Sequoia Capital China, ayant investi dans des entreprises comme Alibaba et ByteDance, a décidé de se diviser en une entité indépendante. D’autres fonds américains ont choisi une approche du type « attendons et voyons », en attendant une clarification de la part du gouvernement américain.
Résultat, ce sont maintenant les startups chinoises qui s’adaptent. Celles qui veulent conquérir le marché occidental cherchent de plus en plus à établir leur entité principale aux États-Unis pour séduire les investisseurs américains. C’est une réelle déviation pour elles. Rappelons qu’elles utilisaient généralement une structure d’entité à intérêts variables (EIV) qui permettait aux investisseurs étrangers de soutenir les entreprises chinoises dans des industries restreintes.
Cependant, même avec les investisseurs américains à bord, les startups chinoises ont du mal à convaincre les régulateurs américains que les données des utilisateurs américains sont en sécurité entre leurs mains. Pour preuve, les luttes de TikTok pour rassurer les régulateurs malgré seus efforts pour une “grande muraille” entre les données des utilisateurs et les équipes basées en Chine.
En somme, il semblerait que la technologie, jadis pont entre les cultures, soit en train de devenir une nouvele frontière, un mur. Ironiquement, ce nouveau défi s’annonce… « Great » (« grand »). Pourquoi ? Parce qu’il semble que ce soit la « Great Wall » (« Grande Muraille ») de la technologie que les ETats-Unis et la Chine sont en train de construire.
Source : Techcrunch