« Un de perdu, dix de retrouvés », disait l’adage, mais chez Pebble, l’esprit semble plutôt être « une plateforme fermée, une communauté retrouvée ». Vous souvenez-vous de la startup qui voulait faire la nique à Twitter, mais qui a fini par capituler devant l’indomptable oiseau bleu ? Mais si, Pebble, cet outsider qui a rendu les armes le mois dernier, accablé par la compétition et par l’affection indéfectible des utilisateurs de Twitter à leur plateforme de microblogging préférée ! Eh bien, ils ont opéré un retour spectaculaire, et c’est sur les terres fertiles de Mastodon qu’ils ont planté leur bannière, pebble.social pour être précis.
Que néni, le nouvel avatar de Pebble n’est pas l’œuvre d’un fan club acharné prêt à tout pour sauver le Titanic des réseaux sociaux. Après une petite période de flottement où chacun se demandait qui pouvait bien piloter le navire, TechCrunch a éclairci le mystère : c’est bien la main de Gabor Cselle, le co-créateur et PDG de Pebble, que l’on retrouve derrière le gouvernail, avec toutefois un zeste de démocratie participative puisque les membres de la communauté Pebble sont aux commandes de la modération.
Avec une candeur presque touchante, Monsieur Cselle nous explique que c’est en répondant à l’appel du pied de sa communauté, éplorée par la fermeture de l’ancien service, qu’il a mis en place cette instance Mastodon. C’est que l’amour du public, ça ne se contrôle pas !
Pebble relance la machine sur Mastodon, une preuve du pouvoir enchanteur de l’open source et de la résilience d’une communauté.
Et, oh surprise, la mayonnaise a pris. Pas besoin de forcer le destin, il a suffi qu’un utilisateur mystérieux, connu sous le sobriquet de « Blobcat », partage sur sa page GitHub un arrangement astucieux pour que pebble.social se pare tout à coup des couleurs et de l’allure de son prédécesseur. Un véritable relooking façon Cendrillon des temps modernes ! En quelques coups de baguette magique (numérique), le site s’est donc forgé un style tout frais et une base d’utilisateurs actifs qui ne cesse de croître.
La magie de l’open source, vous dites ? Cselle acquiesce avec enthousiasme. Après avoir appris à jouer du sortilège des blocklists pour éloigner contenu indésirable et trolls, il a confié les rênes de la modération à quelques âmes vaillantes tout en s’occupant de régler les derniers détails de la dissolution de la C-Corp Pebble originelle, basée dans le Delaware.
Et pourtant, à son apogée, Pebble n’avait séduit que 20 000 curieux et vu son usage quotidien s’étioler à environ 1 000 âmes après s’être rebaptisé suite à une première vie sous l’appellation T2. Imitation un tantinet trop assumée de Twitter, la startup prônait la sécurité et la confiance comme étendards… sans parvenir à détourner les foules de leur appli chérie. En se refusant à jouer avec les réseaux sociaux décentralisés comme Mastodon, par crainte d’éparpiller sa capacité à assurer la confiance et la sécurité, Pebble avait pour ainsi dire scellé son propre sort.
Vous l’avez donc compris, l’affaire pebble.social, c’est pour l’instant une expérience sociale et communautaire qui prend racine dans le terreau fertile de Mastodon, sans grandes ambitions déclarées. Mais avouez que c’est assez cocasse de voir une communauté, telle l’araignée d’une alarme dans l’angle de sa toile, survivre à la structure qui lui a donné naissance et s’épanouir contre toute attente. Qui sait, la chute de Pebble ne serait donc qu’une ruse de Sioux pour rebondir avec plus d’éclat ? Dans le monde des starts-up, il semblerait que ce soit la persévérance qui mène à la résurgence.
Source : Techcrunch