« L’internet c’est un peu comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur qui on va tomber » – si Forrest Gump avait été internaute, il aurait peut-être révisé sa célèbre citation après un passage sur Omegle, la plateforme de chat qui a dit coucou puis ciao après quatorze ans de bons et loyaux… hum, services? Le site a clôturé ses portes suite à un procès portant sur des accusations de trafic sexuel à hauteur de 22 millions de dollars. En pleine ère de censure vis-à-vis des tétons féminins et des danses non-sexuelles, on se demande comment ce lieu de rendez-vous pour exhibitionnistes a survécu aussi longtemps.
Quand j’étais au collège, cette plateforme était l’activité brise-glace par excellence lors des soirées pyjama. On se pressait autour de l’ordinateur, le cœur battant, prêts à défier le sort. C’était presque ritualiste, sauf que nos esprits étaient plus souvent confrontés à des phallus anonymes qu’à des fantômes bienveillants.
L’anonymat conféré par Omegle a souvent encouragé les comportements les plus répréhensibles. Mais tout comme la roulette peut parfois s’arrêter sur la bonne case, Omegle a également permis des rencontres étonnement positives. Le fondateur, K-Brooks, partageait des histoires d’émancipation culturelle, de conseils de vie impartiaux, et même… de coups de foudre matrimonial! Dans ces moments-là, les penchants exhibitionnistes semblent presque relégués à une simple mésaventure.
Omegle : au carrefour entre horreur et chaleur humaine.
Pendant le confinement, ma propre amie, à l’ennui manifeste, s’est aventurée sur Omegle pour officier comme coach Tinder à un étranger dans le besoin. Peut-être qu’après cette étrange consultation, l’homme a trouvé l’amour en quarantaine. Espoir, quand tu nous tiens!
Mahoney, de TechCrunch, rappelle qu’Omegle était un vestige de l’internet d’antan, où l’anonymat agissait tel un masque libertateur. Mais cette ère de confidentialité en ligne s’effrite avec le temps, notamment face aux plateformes modernes aux racines trop profondes pour permettre un tel anonymat.
Et si Reddit et Tumblr permettent un certain degré de pseudonymat, ce n’est pas sans conséquences sur la liberté d’expression, unlike Omegle où tout est volatil et sans trace. Même les méfaits y étaient éphémères, s’envolant dans le cyberespace après un clic de souris.
Mahoney soulève aussi un point crucial : l’anonymat a son utilité, comme dans les mouvements de résistance politique. Mais cette même invisibilité sur la toile peut également nourrir des théories extrémistes. La balance entre liberté et responsabilité est un équilibre précaire online.
Alors que l’EFF, mentionnée dans le manifeste d’adieu de K-Brooks, se bat pour maintenir une toile où les lanceurs d’alerte et activistes puissent s’exprimer sans crainte, on est face à un dilemme. Faut-il sacrifier complètement l’anonymat pour notre sécurité ou existe-t-il un juste milieu?
Omegle, avec ses délices et déboires, se fait rare sur l’interweb – une espèce en voie de disparition à l’heure où la législation web veut tout vérifier. Peut-être qu’Omegle n’aurait jamais dû exister dans ce monde, mais il a souligné un point essentiel : attention à ne pas transformer notre belle toile ouverte en un téléviseur géant où le zapping serait roi et la création, un mythe.
Source : Techcrunch